La deuxième semaine du procès de Claude Muhayimana, qui se tient à la cour d’assises de Paris, a été marquée par des témoignages qui se contredisent les uns après les autres. Cette situation a conduit les avocats de la défense à remettre en question la crédibilité des témoins.

« Ce n’est pas habituel pour la cour de voir se succéder autant de témoignages contradictoires », a déclaré Maître Philippe Meilhac, avocat de Claude Muhayimana.

Cette semaine a vu défiler des témoins directement liés au procès : certains du côté des parties civiles, d’autres ayant été condamnés pour leur participation au génocide contre les Tutsi, ainsi qu’un petit nombre de témoins non condamnés mais qui n’étaient pas non plus des rescapés.

Des contradictions frappantes

Les contradictions les plus notables sont venues de témoins condamnés, dont certains ont radicalement changé leurs déclarations antérieures.

« Dans ma déposition, j’avais dit aux enquêteurs que j’avais vu Claude Muhayimana lors des attaques, car il conduisait le véhicule qui aurait transporté les Interahamwe et les gendarmes ayant tué les Tutsi réfugiés dans différents endroits. Mais ensuite, je me suis rétracté : en réalité, je ne l’ai jamais vu ni rencontré lors des attaques. Je l’ai entendu mentionné lors de la collecte d’informations pour les Gacaca, et je l’ai confirmé comme si je l’avais vu, mais j’ai menti », a déclaré un témoin, identifié comme G. (nom modifié), devant la cour.

« Ce que j’ai dit auparavant était un mensonge, mais aujourd’hui je dis la vérité, car je me suis repenti devant Dieu. Je sais que mentir et accuser à tort ne m’apportera que du malheur », a ajouté le témoin G., qui affirme avoir grandi avec Claude Muhayimana, sans pour autant être ni son ami ni son ennemi.

Maître Meilhac a souligné que l’essentiel n’est pas de comprendre pourquoi ces déclarations sont contradictoires, mais de le constater. « Dans un procès criminel en France, de cette nature-là, une juridiction ne peut pas se satisfaire de déclarations contradictoires », a-t-il affirmé. « La cour doit s’assurer de la crédibilité des témoignages, et pour l’instant, ce n’est pas le cas », a-t-il ajouté.

La défense maintient l’innocence de Muhayimana

L’avocat de Muhayimana insiste sur l’innocence de son client. « Mon client a été reconnu innocent dès le début des accusations portées par le collectif des parties civiles concernant les massacres au stade Gatwaro, à l’église catholique de Kibuye, à l’école de Nyamishaba et au Home Saint-Jean. Il faut reconnaître que les rescapés de ces lieux ont perdu de nombreux membres de leurs familles, et même la défense a été touchée comme les autres. Mais la question qui subsistera au cours du débat est : quel a été le rôle de Claude Muhayimana ? Quelle a été sa participation ? Je suis convaincu qu’il n’en restera rien », a déclaré Maître Meilhac.

Claude Muhayimana est poursuivi pour complicité dans le génocide contre les Tutsi et pour crimes contre l’humanité. Le procès, qui a débuté le 22 novembre 2021 à la cour d’assises de Paris, doit se conclure le 17 décembre 2021.

Francine Andrew SARO

Francine Andrew Saro is an award-winning Rwandan senior journalist with extensive experience in judicial, health science, environmental, and investigative reporting. She is the winner of the AI Journalism Challenge and is also a passionate documentarian of touristic and cultural experiences.

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