Dans le cadre du procès de Claude Muhayimana, qui se déroule à la cour d’assises de Paris, certains éléments ont acquis une notoriété dépassant celle du procès lui-même. Chaque jour, ces noms sont évoqués, que ce soit par les témoins ou lors des interrogatoires des parties.

Mwafrika, le gendarme emblématique

Le plus célèbre est sans doute « Mwafrika », un gendarme tué lors d’une attaque contre les Tutsi réfugiés sur l’une des montagnes de la préfecture de Kibuye. Ce qui rend Mwafrika si reconnu, c’est le fait qu’il ait été tué à Kibuye, puis transporté par véhicule pour être enterré à Ruhengeri, sa région natale.

Selon l’avocat André Martin Karongozi, le transport du corps de Mwafrika à Ruhengeri n’avait pas pour seul objectif de l’enterrer sur la terre de ses ancêtres. Il s’agissait également d’un message destiné aux Hutus, qu’ils soient de Kibuye ou de Ruhengeri, pour montrer que les Tutsi de Kibuye représentaient une menace sérieuse, ayant même tué un gendarme sous les yeux de ses collègues. Ce geste était perçu comme un appel à l’aide.

Comme l’ont mentionné plusieurs témoins, la mort de Mwafrika a entraîné une mobilisation accrue des attaquants, renforcée par l’arrivée des Interahamwe provenant d’autres préfectures. Ces renforts ont participé aux massacres de milliers de Tutsi réfugiés sur les collines de Karongi, Gitwa et Bisesero, dans la préfecture de Kibuye.

Bongobongo et le Daihatsu bleu

Un autre élément marquant du procès est Bongobongo, de son vrai nom Jean Bosco Nkundunkundiye. Ce commerçant tutsi de Kibuye possédait un véhicule Daihatsu bleu, largement utilisé pour transporter les Interahamwe et les gendarmes impliqués dans les massacres de la préfecture de Kibuye.

Lors de son audition, Nkundunkundiye a exprimé son incompréhension quant à la manière dont Muhayimana avait pu se procurer son véhicule et le transformer en outil du génocide contre les Tutsi de Kibuye. Des témoins ont affirmé que le véhicule du projet de pêche, habituellement conduit par Muhayimana, était trop petit pour transporter un grand nombre d’Interahamwe et de gendarmes. Le Daihatsu de Bongobongo aurait donc été utilisé, et Muhayimana aurait forcé son démarreur, n’ayant pas la clé de contact.

Une femme tutsie au cœur du procès

Enfin, un autre élément fréquemment évoqué est « une femme tutsie », Médiatrice, l’ex-épouse de Muhayimana. Depuis le début du procès, Muhayimana a affirmé que sa femme étant tutsie, il avait accepté de transporter les Interahamwe et les gendarmes uniquement pour la protéger.

Cependant, Médiatrice a déclaré devant la cour que son ex-mari n’avait jamais été contraint de transporter les Interahamwe. Selon elle, s’il avait réellement été forcé, il aurait dû refuser et faire face aux conséquences. Des témoins ont également confirmé qu’aucune femme tutsie mariée à un Hutu n’avait été tuée à Kibuye, Médiatrice n’étant pas une exception.

Francine Andrew SARO

Francine Andrew Saro is an award-winning Rwandan senior journalist with extensive experience in judicial, health science, environmental, and investigative reporting. She is the winner of the AI Journalism Challenge and is also a passionate documentarian of touristic and cultural experiences.

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