Lors de la première semaine du procès de Claude Muhayimana, qui se tient à la cour d’assises de Paris, les témoignages d’experts ont mis en lumière un concept central : la « mobilité ». Ce terme a été présenté comme une ressource essentielle, voire déterminante, dans le succès du génocide contre les Tutsi en 1994, au Rwanda.
« La mobilité est une ressource essentielle, voire très précieuse, dans le génocide. C’est précisément ce dont les victimes ont été privées, car elles étaient prisonnières », a déclaré Hélène Dumas, historienne française spécialisée dans le génocide contre les Tutsi. Chercheuse au Centre National de la Recherche Scientifique, à l’Institut d’Histoire du Temps Présent, et membre associée du Centre d’Études Sociologiques et Politiques Raymond Aron, Madame Dumas a témoigné devant la cour d’assises de Paris.
Elle a également souligné : « Les commerçants qui ont mis leurs véhicules à disposition des tueurs ont grandement contribué au succès du génocide. »
Éric Gillet, avocat expérimenté en droit public et président de l’organisation belge RCN Justice et Démocratie depuis 2017, a également témoigné. Ayant mené des enquêtes et rédigé des rapports sur les massacres au Rwanda avant et pendant le génocide, il a mis en évidence l’importance des moyens de transport dans les massacres.
« Les véhicules transportaient les miliciens Interahamwe vers les lieux où se trouvaient les victimes. Après avoir accompli leurs massacres, ils rentraient le soir, satisfaits de leur ‘travail’, et célébraient avec des bières et des viandes volées dans les maisons des Tutsi », a-t-il expliqué.
L’affaire d’un « simple chauffeur »
Claude Muhayimana, l’accusé, se défend en se présentant comme un « simple chauffeur ». Son avocat, Maître Philippe Meilhac, a également insisté sur ce point, affirmant que son client n’était qu’un citoyen ordinaire, ni politicien, ni religieux, ni militaire, et qu’il s’était simplement trouvé au mauvais endroit au mauvais moment.
Cependant, les experts ont démontré que la mobilité, telle qu’elle a été définie dans le contexte du génocide, établit un lien direct entre le rôle d’un « simple chauffeur » et le succès des massacres.
Le procès de Claude Muhayimana, accusé de complicité de génocide et de crimes contre l’humanité, a débuté le 22 novembre 2021 à la cour d’assises de Paris. Il est prévu de se conclure le 17 décembre 2021.
