Lors du procès de Laurent Bucyibaruta devant la cour d’assises de Paris, des témoins ont évoqué le recensement effectué par les autorités locales dans le camp de l’école technique de Murambi pendant le génocide contre les Tutsi en 1994. Ce recensement, présenté comme une démarche visant à organiser l’aide, avait en réalité un objectif sinistre.
« À l’arrivée des réfugiés, j’étais présent. Le bourgmestre Semakwavu, ainsi que les conseillers de secteurs, ont recensé les réfugiés secteur par secteur, soi-disant pour leur donner de l’aide. En réalité, c’était pour compter le nombre de ceux qu’ils allaient tuer. Après, ils ont commencé à massacrer atrocement les gens, » a déclaré un témoin, qui a témoigné par vidéoconférence depuis Kigali.
Les débuts des massacres
Au départ, les tueries se concentraient aux barrières, tandis qu’à Murambi même, les réfugiés mouraient de faim et de soif. Les jeunes qui tentaient de sortir pour chercher de l’eau dans la vallée étaient immédiatement tués. Les massacres se sont intensifiés aux barrières avant de s’étendre au site de Murambi.
Les principaux responsables
Le témoin a identifié trois figures clés des massacres :
« Je parle du préfet Laurent Bucyibaruta, du bourgmestre Semakwavu, ainsi que du chef de la gendarmerie, Sebuhura. »
Il a également mentionné les responsables des attaques dans chaque cellule, citant Havuga, Vincent de Paul Nsabiyera (responsable de la région sanitaire), et David Karangwa (greffier comptable du tribunal du canton de Nyamagabe) comme superviseurs des attaques dans la commune de Murambi.
L’attaque de Murambi
Le témoin a décrit l’attaque de Murambi :
« Ils ont encerclé le site en très grand nombre, armés de lances, machettes, gourdins, houes usées, tandis que les gendarmes avaient des fusils. Je ne pense pas qu’il s’agissait uniquement des gendarmes de Gikongoro, car ils étaient tellement nombreux qu’ils pouvaient encercler le site. »
En plein jour, les assaillants ont massacré les Tutsi de tous âges : les personnes âgées, les adultes, les femmes, les enfants, et même les bébés. Les femmes enceintes étaient éventrées et tuées sans pitié.
La barrière de Kabeza : un lieu de terreur
Le témoin a également évoqué la barrière de Kabeza, où il a vu un voisin tuer 99 personnes, un acte que ce dernier a reconnu lui-même. Il ne lui manquait qu’une victime pour atteindre 100.
Un bilan tragique
Les massacres à l’école technique de Murambi ont été suivis par ceux de Cyanika et Kaduha. Le nombre total de morts pour ces trois sites dépasse 130 000.
