La défense et le parquet ont tous deux fait appel du jugement rendu par la cour d’assises de Paris dans le procès de Claude Muhayimana. Ce dernier avait été condamné, le 16 décembre 2021, à 14 ans de réclusion criminelle pour complicité dans le génocide contre les Tutsi et crimes contre l’humanité, alors que le parquet avait requis une peine de 15 ans.
Cet appel a suscité le mécontentement des parties civiles, pour qui cela signifie revivre le procès et répéter un parcours éprouvant.
« Mon seul espoir, c’est qu’en appel, il prenne 20 ans. Muhayimana sera jugé pour les mêmes faits : complicité de génocide et crimes contre l’humanité. Malheureusement, les non-lieux concernant l’église, le Home Saint-Jean et le stade Gatwaro resteront inchangés. Mais recommencer ce procès ne m’enchante pas du tout, il y a tant d’autres affaires à traiter », a déclaré Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda.
Claude Muhayimana, un Rwandais naturalisé français âgé de 60 ans, a été poursuivi pour complicité dans le génocide perpétré contre les Tutsi ainsi que pour crimes contre l’humanité. À l’époque, il était chauffeur au guest house de Kibuye et aurait conduit la camionnette transportant les miliciens Interahamwe et les gendarmes responsables des massacres de Tutsi dans plusieurs localités de Kibuye, notamment à Bisesero.
Se présentant comme un « simple chauffeur », Muhayimana a contesté toutes les accusations jusqu’au dernier jour du procès. Ses avocats ont maintes fois affirmé son innocence, arguant qu’il n’était ni politicien, ni religieux, ni militaire, mais un simple citoyen pris au mauvais endroit au mauvais moment.
De leur côté, les parties civiles considèrent ce procès comme emblématique des affaires liées au génocide. Selon elles, « il n’y a pas de simple affaire lorsqu’il s’agit du génocide ». Les experts Hélène Dumas et Éric Gillet ont souligné l’importance de la « mobilité » dans le succès du génocide contre les Tutsi, expliquant que les victimes, elles, n’avaient pas ce privilège.
Le procès de Claude Muhayimana devant la cour d’assises de Paris avait débuté le 22 novembre 2021 et devait initialement se conclure le 17 décembre 2021. Cependant, le jugement a été rendu un jour plus tôt. La cour a fixé au 31 janvier 2022 l’audience pour statuer sur les intérêts civils.
